Taux de destruction irréversible des petits fonds par les aménagements gagnés sur la mer

Si le taux de destruction irréversible des petits fonds par les aménagements gagnés sur la mer d’artificialisation de l’ensemble des côtes françaises de la Méditerranée n’est que de 5,24% entre 0 et -10 m, 1,03% entre -10 m et -20 m et 3,04% entre 0 et -20 m, de grandes différences se constatent selon les régions :

- Côtes continentales françaises de la Méditerranée (Languedoc Roussillon + Provence-Alpes-Côte d’Azur sans Monaco, sans étang de Berre) :
entre 0 et -10 m : 5,55%,
entre -10 m et -20 m : 1,20%,
entre 0 et -20 m : 3,23%.

+ Dont : côtes de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (sans Monaco, sans étang de Berre)
entre 0 et -10 m : 9,95%,
entre -10 m et -20 m : 2,11%,
entre 0 et -20 m : 5,73%.

+ Dont : côtes de la région Languedoc Roussillon
entre 0 et -10 m : 3,83%,
entre -10 m et -20 m : 0,43%,
entre 0 et -20 m : 2,04%.

- Côtes de Corse :
entre 0 et -10 m : 0,84%,
entre -10 m et -20 m : 0,11%,
entre 0 et -20 m : 0,48%.

- Principauté de Monaco
entre 0 et -10 m : 90,39%,
entre -10 m et -20 m : 67,47%,
entre 0 et -20 m : 81,67%.

- Etang de Berre
entre 0 et -10 m : 3,73%,
entre -10 m et -20 m : 33,76%,
entre 0 et -20 m : 3,88%.

Le département des Alpes-Maritimes (sans Monaco) est le plus impacté :
entre 0 et -10 m : 20,18%,
entre -10 m et -20 m : 0,19%,
entre 0 et -20 m : 12,69%.

La côte rocheuse située entre Menton et Martigues (Département des Alpes-Maritimes + Monaco + département du Var + est du département des Bouches du Rhône) est particulièrement touchée :
entre 0 et -10 m : 10,10%,
entre -10 m et -20 m : 2,17%,
entre 0 et -20 m : 5,84%.

L’emprise des aménagements sur les petits fonds est considérable par le cumul des surfaces occupées et l’exigüité des petits fonds initiaux. Les 5282 hectares couverts ou endigués sont autant de surfaces d’habitats dégradés ou détruits à jamais. De ce fait, il convient de considérer l’impact global des aménagements construits sur la mer comme le principal impact anthropique sur la biodiversité marine de la frange littorale des côtes françaises de la Méditerranée. Il devance d’un facteur 50 les dégradations cumulées observées devant l’ensemble des rejets urbains ou industriels entre 0 et -20 m de toutes les côtes françaises de la Méditerranée (en tenant compte des zones où plus de 50% des espèces naturelles ont disparu au droit de ces rejets). Ces zones sévèrement dégradées par les rejets urbains sont localisées essentiellement devant les émissaires déversant en surface les eaux usées de l’agglomération marseillaise (calanque de Cortiou) et de celle de Toulon (Cap Sicié). Mais ces deux mégapoles sont maintenant équipées de stations d’épuration de plus en plus performantes de telle sorte que la recolonisation des zones très dégradées par le passé (moins de 75 ha au total devant ces deux sites) est en cours.

De par leur caractère irréversible les destructions induites par les aménagements gagnés sur la mer représentent la principale cause de l’appauvrissement qualitatif et quantitatif des espèces marines littorales de l’ensemble des côtes françaises de la Méditerranée, bien avant les pollutions chimiques ou bactériologiques réversibles, bien avant l’appauvrissement temporaire des richesses halieutiques par une pression de pêche encore trop incontrôlée.